Pourquoi l'Institut Montaigne conseille aux Européens de se méfier de Huawei

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il y a 5 ans 6 mois #1 par JP
Deux experts de l'institut Montaigne viennent de publier un rapport qui met en garde l'Europe sur le déploiement de la 5G en Europe par Huawei. Le groupe serait impliqué dans différentes affaires de cyberespionnage pour le compte de Pékin, même si aucune preuve formelle n'a été apportée.

Huawei est-il, comme l’en accusent les Etats-Unis, une menace pour la sécurité des pays dans lesquels il installe les réseaux de communication? C’est la question soulevée par le dernier rapport de l’Institut Montaigne. Ce document de 34 pages a été confié à deux experts : Mathieu Duchâtel, directeur du programme Asie de l'Institut Montaigne, et François Godement, conseiller Asie de l'Institut Montaigne. Selon ces spécialistes, les "liens avec le cœur du projet techno-nationaliste et l’appareil de sécurité de la Chine sont ineffaçables".
 
Le rapport rappelle que "Huawei bénéficie pleinement de la feuille de route présentée par Xi Jinping au 19e Congrès du Parti Communiste de 2017". Elle vise à établir en 2035 un "leadership mondial en matière d’innovation". Mathieu Duchâtel et François Godement remarquent d’ailleurs que la communication du groupe est différente en Chine et en Europe. "S'il préfère les métaphores martiales et l’imagerie communiste pour prospérer sur le sol chinois, il mène en Europe une intense campagne de relations publiques fondée sur l’ouverture, et se décrit même aujourd’hui comme une "solution européenne pour la 5G".
 
Cyberespionnage au sein de l'Union Africaine

 
Concernant les suspicion de cyberespionnage, le rapport s'appuie sur des affaires qui ont alimentées les dossiers des services de renseignements de plusieurs pays pour lancer des mises en garde. En 2012, Huawei fournissait les prestations informatique (cloud, datacenters, wifi...) de l’Union Africaine, l’organisation internationale basée à Addis-Abeba en Ethiopie. "De 2012 à 2017, toutes les nuits entre minuit et deux heures du matin, l’ensemble des données collectées était envoyées à un serveur inconnu à Shanghai", indique les chercheurs qui estiment possible "que des failles fortuites dans les solutions Huawei expliquent cette fuite". Mais selon eux, il "n’est pas imaginable que l’entreprise ait pu ne jamais les détecter pendant cinq ans".

Une seconde affaire note des liens avec une entreprise chinoise, Boyusec, convaincue de cyberespionnage aux États-Unis, et les cyberhackeurs de l'APT-3, également connus sous les noms de Buckeye ou Gothic Panda. Ce groupe, suspecté d'être une antenne des services de renseignements chinois, est suspecté d'avoir piraté les serveurs de la National Security Agency (NSA) pour voler des logiciels malveillants ayant servi à des attaques mondiales.
 
En Europe, "le principe de précaution a été une considération secondaire"
 
Si rien ne prouve formellement une complicité active de Huawei dans ces différentes affaires, les auteurs du rapport estiment que "tout indique que les équipements Huawei sont très vulnérables, et que dans certains cas l’entreprise a fermé les yeux".
 
Selon le rapport, l'Europe se doit d'être vigilante et cohérente dans ses décisions. S'appuyant sur une note rédigée par le cabinet Mazars prônant "l’urgente nécessité pour l’Union européenne de se saisir de manière ambitieuse et coordonnée de la question du déploiement des réseaux 5G", ils constatent que l'UE avance en "ordre dispersée".
 
"L’Europe est en panne d’investissements et de planification collective des infrastructures 5G", d'autant que Huawei est plus avancé que ses concurrents, Nokia et Ericsson, en matière de 5G. "Le principe de précaution, qu’il porte sur la sécurité à terme ou sur l’indépendance industrielle, a été une considération secondaire ou inexistante pour la plupart des États et des opérateurs" en Europe.

Pascal SAMAMA - BFMTV - 29 mai 2019

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