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Des logiciels de prospection électorale pour cibler les messages politiques
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il y a 4 ans 9 mois #1
par Modérateur
Des logiciels de prospection électorale pour cibler les messages politiques a été créé par Modérateur
Identifier les endroits où il y a des votes à gagner et cibler les messages politiques: pour remporter les élections municipales, les candidats n'hésitent plus à s'équiper de logiciels d'analyse de données, mais la pratique est étroitement encadrée.
"Organiser une campagne avant, c'était avoir du flair, du pif politique. Il y avait un certain artisanat, des feuilles volantes dans les permanences", rappelle Vincent Moncenis, fondateur de DigitalBox.
Son logiciel permet au candidat "d'organiser ses contacts, de gérer les invitations pour des réunions publiques et de structurer son équipe", bref de rendre la campagne "un peu plus intelligente".
"Le projet ne varie pas, il est gravé dans le marbre", explique M. Moncenis, mais "si vous avez 10 points dans votre programme et 10 groupes d'électeurs, il s'agit de leur envoyer le bon message, celui sur la petite enfance aux parents d'élèves par exemple."
Auparavant, la première tâche d'un candidat est de glaner les contacts de potentiels électeurs. Plusieurs entreprises d'analyse de données veulent faciliter ce travail.
"La question est: où sont les gens à qui je dois parler ?", explique Laure Vaugeois, en charge des relations commerciales de la société Explain (ex-LMP). Ensuite, "la meilleure organisation de campagne, c'est le porte-à-porte."
La méthode statistique pour identifier les bureaux de vote les plus favorables repose sur "l'inférence écologique", qui n'a rien à voir avec des engagements environnementaux mais permet de prédire le comportement de différents groupes sociaux en fonction de données agrégées, par exemple les précédents résultats électoraux et des données démographiques.
"Le porte-à-porte ciblé a un vrai impact sur les résultats", assène Laure Vaugeois, qui s'appuie sur une expérience avec groupe témoin lors de la campagne de François Hollande en 2012.
Depuis l'utilisation de l'outil Blue State Digital par Barack Obama en 2008 puis en 2012, ou de NationBuilder par Donald Trump (et 3 des 4 autres candidats à l'élection présidentielle américaine) en 2016, il n'y a plus d'ambition politique sans volonté de maîtriser techniquement les données.
"Chez les écologistes, la première fois c'était pendant les européennes (en 2019)", explique Léa Balage, en charge des mobilisations pour EELV et candidat sur la liste écologiste dans le 18e arrondissement parisien.
Cinq procédures de contrôle en cours
"L'outil permettait aux militants de pouvoir recevoir une alerte pour aller faire du porte-à-porte. Ça nous permettait de récupérer les adresses e-mails des gens qui s'intéressaient à la campagne des écologistes", continue-t-elle.
Pour les municipales, la militante utilise désormais Quorum, le dernier arrivé parmi la dizaine de solutions disponibles en France.
"Beaucoup d'outils sont arrivés en voulant copier les Etats-Unis", explique à l'AFP l'un de ses fondateurs Florent Barre. "Mais en France, le maillage des données disponibles est limité aux bureaux de vote pour les résultats et aux Iris (Ilots regroupés pour l'information statistique, NDLR) pour les données Insee". Résultat, "la dynamique de prédiction est moins précise qu'aux Etats-Unis", continue-t-il.
Quorum se veut donc surtout une interface pour "équiper et autonomiser le bénévole" et faire remonter aux équipes de campagne les réponses à des questionnaires proposés aux électeurs rencontrés.
Les logiciels de stratégie électorale utilisés aujourd'hui en France "font moins que ce qu'on peut imaginer", veut rassurer la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) qui surveille néanmoins de près le secteur.
Interrogé par l'AFP, son directeur de la protection des droits et des sanctions Mathias Moulin affirme que cinq procédures de contrôle sont en cours dont deux dossiers posent question, notamment sur "les conditions de réutilisation des listes électorales".
Celles-ci ne peuvent être utilisées à des fins commerciales, mais certains éditeurs encouragent leurs clients à les chercher eux-mêmes auprès de leur mairie, puis les aident à les charger dans le logiciel.
Autre protection, les publicités politiques sont interdites en France six mois avant le scrutin et les réseaux sociaux deviennent plus transparents sur les campagnes publicitaires auxquelles sont exposés leurs utilisateurs.
"Or, profiler des individus ne sert à rien si on ne peut pas les contacter", explique M. Moulin. Enfin, le coût de ces logiciels (de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers d'euros mensuels) n'est pas négligeable et "les plafonds de dépenses dans le cadre des campagnes locales ne permettent pas de faire les traitements les plus intrusifs."
05/02/2020 13:03:34 - Paris (AFP) - © 2020 AFP
AFP - Le Point - mercredi 5 février 2020
"Organiser une campagne avant, c'était avoir du flair, du pif politique. Il y avait un certain artisanat, des feuilles volantes dans les permanences", rappelle Vincent Moncenis, fondateur de DigitalBox.
Son logiciel permet au candidat "d'organiser ses contacts, de gérer les invitations pour des réunions publiques et de structurer son équipe", bref de rendre la campagne "un peu plus intelligente".
"Le projet ne varie pas, il est gravé dans le marbre", explique M. Moncenis, mais "si vous avez 10 points dans votre programme et 10 groupes d'électeurs, il s'agit de leur envoyer le bon message, celui sur la petite enfance aux parents d'élèves par exemple."
Auparavant, la première tâche d'un candidat est de glaner les contacts de potentiels électeurs. Plusieurs entreprises d'analyse de données veulent faciliter ce travail.
"La question est: où sont les gens à qui je dois parler ?", explique Laure Vaugeois, en charge des relations commerciales de la société Explain (ex-LMP). Ensuite, "la meilleure organisation de campagne, c'est le porte-à-porte."
La méthode statistique pour identifier les bureaux de vote les plus favorables repose sur "l'inférence écologique", qui n'a rien à voir avec des engagements environnementaux mais permet de prédire le comportement de différents groupes sociaux en fonction de données agrégées, par exemple les précédents résultats électoraux et des données démographiques.
"Le porte-à-porte ciblé a un vrai impact sur les résultats", assène Laure Vaugeois, qui s'appuie sur une expérience avec groupe témoin lors de la campagne de François Hollande en 2012.
Depuis l'utilisation de l'outil Blue State Digital par Barack Obama en 2008 puis en 2012, ou de NationBuilder par Donald Trump (et 3 des 4 autres candidats à l'élection présidentielle américaine) en 2016, il n'y a plus d'ambition politique sans volonté de maîtriser techniquement les données.
"Chez les écologistes, la première fois c'était pendant les européennes (en 2019)", explique Léa Balage, en charge des mobilisations pour EELV et candidat sur la liste écologiste dans le 18e arrondissement parisien.
Cinq procédures de contrôle en cours
"L'outil permettait aux militants de pouvoir recevoir une alerte pour aller faire du porte-à-porte. Ça nous permettait de récupérer les adresses e-mails des gens qui s'intéressaient à la campagne des écologistes", continue-t-elle.
Pour les municipales, la militante utilise désormais Quorum, le dernier arrivé parmi la dizaine de solutions disponibles en France.
"Beaucoup d'outils sont arrivés en voulant copier les Etats-Unis", explique à l'AFP l'un de ses fondateurs Florent Barre. "Mais en France, le maillage des données disponibles est limité aux bureaux de vote pour les résultats et aux Iris (Ilots regroupés pour l'information statistique, NDLR) pour les données Insee". Résultat, "la dynamique de prédiction est moins précise qu'aux Etats-Unis", continue-t-il.
Quorum se veut donc surtout une interface pour "équiper et autonomiser le bénévole" et faire remonter aux équipes de campagne les réponses à des questionnaires proposés aux électeurs rencontrés.
Les logiciels de stratégie électorale utilisés aujourd'hui en France "font moins que ce qu'on peut imaginer", veut rassurer la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) qui surveille néanmoins de près le secteur.
Interrogé par l'AFP, son directeur de la protection des droits et des sanctions Mathias Moulin affirme que cinq procédures de contrôle sont en cours dont deux dossiers posent question, notamment sur "les conditions de réutilisation des listes électorales".
Celles-ci ne peuvent être utilisées à des fins commerciales, mais certains éditeurs encouragent leurs clients à les chercher eux-mêmes auprès de leur mairie, puis les aident à les charger dans le logiciel.
Autre protection, les publicités politiques sont interdites en France six mois avant le scrutin et les réseaux sociaux deviennent plus transparents sur les campagnes publicitaires auxquelles sont exposés leurs utilisateurs.
"Or, profiler des individus ne sert à rien si on ne peut pas les contacter", explique M. Moulin. Enfin, le coût de ces logiciels (de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers d'euros mensuels) n'est pas négligeable et "les plafonds de dépenses dans le cadre des campagnes locales ne permettent pas de faire les traitements les plus intrusifs."
05/02/2020 13:03:34 - Paris (AFP) - © 2020 AFP
AFP - Le Point - mercredi 5 février 2020
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