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Cours à distance: le coronavirus réveille le CNED
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il y a 4 ans 9 mois #1
par Modérateur
Cours à distance: le coronavirus réveille le CNED a été créé par Modérateur
Jean-Michel Blanquer rend visite au CNED, à Poitiers, aujourd'hui. L'organisme d'enseignement à distance est-il en mesure de faire face à l'augmentation inexorable du nombre d'élèves confinés?
Hier, 300 000 élèves faisaient l’école à la maison. Aujourd’hui 400 000. Et demain ? La France compte 12 millions d’élèves en tout. C’est donc un véritable « crash test » de l’école numérique que va réaliser l’Education nationale ces prochaines semaines. Or, le numérique, ça n’a pas toujours été le fort de la rue de Grenelle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Jean-Michel Blanquer a choisi de rendre visite au personnel du CNED, à Poitiers, aujourd’hui. On le croyait mort et enterré. Mais le CNED bouge encore ! C’est bien cet organisme qui est sur le pied de guerre pour réussir à proposer une solution d’enseignement à distance pour l’ensemble des élèves confinés. Le ministre a annoncé ce matin que la plateforme mise à disposition des élèves de la grande section de maternelle à la classe de Terminale, était capable d’accueillir jusqu’à 7 millions de connexions. Avec deux volets. L’un composé d’un jeu d’exercices portant sur les programmes du premier et deuxième trimestre. Chaque jour, pendant quelques heures fractionnées en plusieurs séances, l’élève peut réviser les notions déjà apprises. Un questionnaire permet d’adapter les exercices au niveau de chacun. Le deuxième volet est une « classe virtuelle », où le professeur peut faire cours à ses élèves par visioconférence. Les connexions sont possibles par ordinateur, tablette ou téléphone. Encore faut-il, bien sûr, que les élèves jouent le jeu et se branche. Encore faut-il aussi que les enseignants soient formés sur ce plan.
Le CNED était mort
Pour le CNED, c’est donc l’heure de vérité. L’organisme public qui gère un budget de 86 millions d’euros, dont 29 millions de dotation publique (le reste provient de ressources propres développées dans le domaine de la formation professionnelle), et chapeaute 2 200 agents (dont 1 200 professeurs), sort d’une décennie de crise. Avec un nombre d’inscrits divisé par deux depuis l’an 2000, le CNED avait complètement raté son virage numérique. En 2013, la Cour des comptes avait publié un rapport assaisonné qui soulignait qu’en 2011 l’établissement avait encore utilisé environ 390 tonnes de papier et expédié plus de 300 millions de pages ! Finalement, le Cned n’était plus perçu que comme une structure de défaisance pour caser les professeurs en « incapacité à enseigner en classe ». Avec une productivité très « inégale », le nombre de copies corrigées par les enseignants placés sur postes adaptés est en moyenne de 4 par jour, au lieu de 28 pour les vacataires ! A l’époque, le ministère ne niait même pas les limites du modèle économique de son opérateur : « Le CNED n’est pas parvenu à se moderniser et à anticiper les évolutions technologiques qui ont modifié le comportement et les attentes des élèves. Son offre est dispersée, peu lisible et le recours exclusif au papier favorise une image vieillissante. Il se trouve impacté et malmené par l’augmentation du nombre de concurrents sur le marché de l’enseignement à distance. Enfin, il souffre de charges de structure qui pèsent sur sa rentabilité. »
Heureusement, depuis, le CNED a fait sa révolution. A bas bruit. Elle a démarré en 2013 dans le plan d’établissement « CNED 24/24 » pour passer de l’enseignement à distance à l’école en ligne. Un effort salué par la cour des comptes en juillet dernier dans un rapport intitulé « le service public numérique pour l’éducation ». « Il s’est doté pour cela d’une chaîne d’édition numérique, très performante, et il a fortement investi, depuis 2014, sur la qualité des formations afin de répondre aux besoins et attentes des usagers. » Il dispose désormais de services numériques innovants, d’un système de soutien scolaire en maths et en français, de cours de langues efficaces. Il a même développé une expérience à Lyon de remplacement de professeurs absents pour de courtes durées. En 2017, le siège a déménagé à Poitiers et un nouveau directeur général a été nommé. En somme, au CNED, le coronavirus fait figure d’apogée d’une longue phase de réorganisation. Et le test ultime.
Les enseignants ne sont pas assez formés
Reste un problème de taille : la formation de l’ensemble du corps professoral aux techniques de l’enseignement à distance. Les compétences numériques, en particulier, premier levier en la matière, font encore aujourd’hui totalement défaut. La Cour des comptes rappelle cet épisode savoureux : « À l’occasion de la réforme de la formation des enseignants lors de la ‘masterisation’ en 2009-10, l’ambition de familiariser les futurs enseignants avec les outils numériques avait conduit le ministère à exiger la détention d’un certificat de compétences en informatique et internet. […] Or il s’est avéré que cette certification mettait en péril la titularisation de très nombreux stagiaires qui étaient insuffisamment alertes [sic] dans ce domaine. » L’ambition a donc été abandonnée. Et aujourd’hui encore, les élèves confrontés à la fermeture de leurs classes sont livrés au hasard des capacités numériques de chacun de leurs professeurs. Au petit bonheur la chance !
Alice Mérieux - Challenges - jeudi 12 mars 2020
Hier, 300 000 élèves faisaient l’école à la maison. Aujourd’hui 400 000. Et demain ? La France compte 12 millions d’élèves en tout. C’est donc un véritable « crash test » de l’école numérique que va réaliser l’Education nationale ces prochaines semaines. Or, le numérique, ça n’a pas toujours été le fort de la rue de Grenelle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Jean-Michel Blanquer a choisi de rendre visite au personnel du CNED, à Poitiers, aujourd’hui. On le croyait mort et enterré. Mais le CNED bouge encore ! C’est bien cet organisme qui est sur le pied de guerre pour réussir à proposer une solution d’enseignement à distance pour l’ensemble des élèves confinés. Le ministre a annoncé ce matin que la plateforme mise à disposition des élèves de la grande section de maternelle à la classe de Terminale, était capable d’accueillir jusqu’à 7 millions de connexions. Avec deux volets. L’un composé d’un jeu d’exercices portant sur les programmes du premier et deuxième trimestre. Chaque jour, pendant quelques heures fractionnées en plusieurs séances, l’élève peut réviser les notions déjà apprises. Un questionnaire permet d’adapter les exercices au niveau de chacun. Le deuxième volet est une « classe virtuelle », où le professeur peut faire cours à ses élèves par visioconférence. Les connexions sont possibles par ordinateur, tablette ou téléphone. Encore faut-il, bien sûr, que les élèves jouent le jeu et se branche. Encore faut-il aussi que les enseignants soient formés sur ce plan.
Le CNED était mort
Pour le CNED, c’est donc l’heure de vérité. L’organisme public qui gère un budget de 86 millions d’euros, dont 29 millions de dotation publique (le reste provient de ressources propres développées dans le domaine de la formation professionnelle), et chapeaute 2 200 agents (dont 1 200 professeurs), sort d’une décennie de crise. Avec un nombre d’inscrits divisé par deux depuis l’an 2000, le CNED avait complètement raté son virage numérique. En 2013, la Cour des comptes avait publié un rapport assaisonné qui soulignait qu’en 2011 l’établissement avait encore utilisé environ 390 tonnes de papier et expédié plus de 300 millions de pages ! Finalement, le Cned n’était plus perçu que comme une structure de défaisance pour caser les professeurs en « incapacité à enseigner en classe ». Avec une productivité très « inégale », le nombre de copies corrigées par les enseignants placés sur postes adaptés est en moyenne de 4 par jour, au lieu de 28 pour les vacataires ! A l’époque, le ministère ne niait même pas les limites du modèle économique de son opérateur : « Le CNED n’est pas parvenu à se moderniser et à anticiper les évolutions technologiques qui ont modifié le comportement et les attentes des élèves. Son offre est dispersée, peu lisible et le recours exclusif au papier favorise une image vieillissante. Il se trouve impacté et malmené par l’augmentation du nombre de concurrents sur le marché de l’enseignement à distance. Enfin, il souffre de charges de structure qui pèsent sur sa rentabilité. »
Heureusement, depuis, le CNED a fait sa révolution. A bas bruit. Elle a démarré en 2013 dans le plan d’établissement « CNED 24/24 » pour passer de l’enseignement à distance à l’école en ligne. Un effort salué par la cour des comptes en juillet dernier dans un rapport intitulé « le service public numérique pour l’éducation ». « Il s’est doté pour cela d’une chaîne d’édition numérique, très performante, et il a fortement investi, depuis 2014, sur la qualité des formations afin de répondre aux besoins et attentes des usagers. » Il dispose désormais de services numériques innovants, d’un système de soutien scolaire en maths et en français, de cours de langues efficaces. Il a même développé une expérience à Lyon de remplacement de professeurs absents pour de courtes durées. En 2017, le siège a déménagé à Poitiers et un nouveau directeur général a été nommé. En somme, au CNED, le coronavirus fait figure d’apogée d’une longue phase de réorganisation. Et le test ultime.
Les enseignants ne sont pas assez formés
Reste un problème de taille : la formation de l’ensemble du corps professoral aux techniques de l’enseignement à distance. Les compétences numériques, en particulier, premier levier en la matière, font encore aujourd’hui totalement défaut. La Cour des comptes rappelle cet épisode savoureux : « À l’occasion de la réforme de la formation des enseignants lors de la ‘masterisation’ en 2009-10, l’ambition de familiariser les futurs enseignants avec les outils numériques avait conduit le ministère à exiger la détention d’un certificat de compétences en informatique et internet. […] Or il s’est avéré que cette certification mettait en péril la titularisation de très nombreux stagiaires qui étaient insuffisamment alertes [sic] dans ce domaine. » L’ambition a donc été abandonnée. Et aujourd’hui encore, les élèves confrontés à la fermeture de leurs classes sont livrés au hasard des capacités numériques de chacun de leurs professeurs. Au petit bonheur la chance !
Alice Mérieux - Challenges - jeudi 12 mars 2020
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