Une IA « horrible » : le cofondateur d’Apple Steve Wozniak réclame des mesures

Steve Wozniak redoute que l’intelligence artificielle soit exploitée à des fins malveillantes. Le cofondateur d’Apple défend une approche prudente qui vise à réguler les IA génératives, comme ChatGPT.

Steve Wozniak, l’illustre cofondateur d’Apple, a accordé une interview à CNN au sujet de l’intelligence artificielle. L’informaticien a plaidé pour une approche responsable de cette technologie, estimant qu’elle pourrait causer d’importants dégâts entre de mauvaises mains.

« Regardez combien de mauvaises personnes viennent nous harceler avec du spam, essayer d’obtenir nos mots de passe, prendre le contrôle de nos comptes et gâcher nos vies. L’IA est un outil encore plus puissant, et il va être utilisé par ces personnes à des fins vraiment mauvaises, et je déteste voir la technologie utilisée de cette façon », regrette  Steve Wozniak.

Comme le souligne « Woz », les IA génératives, comme l’incontournable ChatGPT, sont déjà massivement utilisées par les milieux criminels. D’après une enquête d’Europol, ChatGPT a été promptement adopté par les escrocs, les fraudeurs et les trafiquants en tous genres . Ils se servent du chatbot pour rédiger des campagnes de phishing, des lettres de chantage ou pour programmer des malwares, sans écrire la moindre ligne de code. Certains pirates se servent également des IA pour piéger les utilisateurs de YouTube avec de fausses vidéos .

Steve Wozniak plaide pour la régulation de l’IA
Pour Steve Wozniak, il est donc impératif de « prendre des mesures » pour éviter que l’IA « ne soit trop horrible et mauvaise ». L’homme plaide pour une réglementation rapide de l’intelligence artificielle. La régulation qu’il réclame n’est pas destinée à entraver la croissance des entreprises qui surfent sur le succès de ChatGPT, comme Microsoft ou OpenAI. Wozniak voit plutôt la régulation comme un garde-fou qui s’assure que les concepteurs de l’IA ont bien pris en compte les questions d’éthique.

Pour mémoire, Steve Wozniak fait partie des signataires de la lettre réclamant un moratoire de six mois sur l’IA . Signée par Elon Musk et des milliers de personnes, dont des dirigeants du monde de la tech, la lettre ouverte demande une pause salutaire pour tous les centres de recherche lancés dans la course à l’IA. Selon eux, le développement d’une IA générative plus sophistiquée que GPT-4 , la dernière mise à jour du modèle linguistique derrière ChatGPT, doit attendre.

Le cofondateur d’Apple admet cependant qu’un moratoire, mis en place à l’échelle mondiale, est peu réaliste. C’est aussi le cas de Bill Gates . Le fondateur de Microsoft estime en effet qu’il est impossible d’imposer à tous les pays, à toutes les entreprises et tous les laboratoires une interruption de la recherche sur l’IA. Pour lui, ce n’est pas une solution aux défis soulevés par la technologie.

Une approche nuancée de l’IA
Malgré ses mises en garde, Steve Wozniak ne résume pas l’intelligence artificielle à une menace pour l’humanité. Pour lui, l’IA peut en effet apporter « beaucoup de bien » dans le monde. L’ingénieur se dit ouvert au changement et s’opposer uniquement « aux choses qui peuvent être utilisées de manière malhonnête ». Parmi les usages positifs possibles de l’IA, Steve Wozniak évoque la lutte contre le spam et le piratage.  L’IA pourrait servir à « repérer tous ces petits spams délicats qui tentent d’obtenir vos mots de passe », souligne l’ingénieur.

Pour expliciter sa position nuancée, il prend l’exemple d’Internet, dont la création n’a pas suffisamment été encadrée à ses yeux. En effet, « si nous avions développé Internet avec des protocoles permettant d’identifier n’importe qui », le spam n’aurait jamais pu exister, note Wozniak. Dans la même optique, il recommande à l’humanité de « s’asseoir et de penser un peu à l’IA avant qu’elle ne soit là »… bien qu’à ses yeux, il soit déjà trop tard pour ça.

Florian Bayard - Journaliste
01Net 4/05/2023
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